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Plage qui longe la Batterie de Zuydcoote

La marque touristique Spirit of Dunkerque. Histoire et oubli

2019, la marque touristique Spirit of Dunkerque est lancée. Elle est apposée sur tous les documents de promotion diffusés par l’Office de Tourisme et des Congrès communautaire et fait l’objet d’une gamme de produits – tee-shirts, savons, parfums – vendus dans des lieux dédiés1. C’est une agence parisienne, Lonsdale, spécialisée dans le design, qui a contribué à sa mise en place. Le nom de la marque rappelle l’Opération Dynamo (du 26 mai au 4 juin 1940) qui a permis l’embarquement de 340 000 hommes – britanniques pour la grande majorité d’entre eux2 – qui échappaient ainsi à l’encerclement de la poche de Dunkerque par l’armée allemande. L’expression serait en lien avec le discours prononcé par le Premier ministre, Winston Churchill, à la Chambre des communes, le 4 juin 1940, pour caractériser la solidarité qui a prévalu à Dunkerque lors de ces journées. C’est ce que rappelle Patrice Vergriete (né en 1968), maire de la Ville depuis le 30 mars 2014 (et réélu en 2020), lors du lancement de la marque, le 5 septembre 2019 :

« Nous avons choisi Spirit of Dunkerque, l’esprit de Dunkerque. L’esprit de Dunkerque est évidemment ancré dans l’histoire puisque c’est la phrase de Winston Churchill après 1940 quand il harangue finalement les Britanniques à pouvoir continuer la lutte contre le nazisme. Cet esprit de Dunkerque, il a une signification forte dans l’histoire de Dunkerque, il marque l’histoire de Dunkerque, mais il rejoint aussi ce caractère insolite. Finalement, l’esprit de Dunkerque, ça sonne comme quelque chose d’original, de spécifique sur notre territoire. Regardez le carnaval pour ne prendre que cet exemple. Le carnaval n’existe nulle part ailleurs avec l’esprit dunkerquois. L’esprit de Dunkerque, c’est ça, c’est tout ce qui fait notre originalité, notre spécificité »3.

La stratégie marketing est fondée sur quatre thématiques touristiques – l’esprit de liberté, l’esprit de découverte, l’esprit de résistance et l’esprit marin –, chacune déclinant des activités ad hoc. Et si, comme le suggère Patrice Vergriete, Spirit of Dunkerque subsume l’histoire, la marque y est toutefois fortement rattachée, le tourisme de mémoire étant un point nodal de la communication depuis l’arrivée de l’édile à la mairie. Ainsi cette impulsion a-t-elle contribué à exhumer une histoire à laquelle les touristes anglais étaient attachés mais que négligeaient les touristes français. C’est ce qu’explique Onno Ottevanger4, responsable du service commercialisation à l’Office du tourisme de Dunkerque, dans un article du magazine Banque des Territoires : « Longtemps, la fréquentation des plages autour de l’Opération Dynamo était le fait exclusif des Anglais. Les Français passaient sous silence cet événement si particulier, alors que les élèves britanniques étudiaient cette histoire à l’école ».

Si l’on s’en tient à ce bref rappel, on peut à première vue penser que le slogan Spirit of Dunkerque s’impose « naturellement » dans ce territoire. La réalité est plus complexe qu’il y paraît et mérite qu’on s’y attarde. Ceci afin de comprendre les raisons pour lesquelles des pans de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale restent quelque peu dans l’ombre, en dépit de la présence de leurs traces sur le territoire. Tel est le cas des édifices défensifs construits par les occupants allemands pendant la Seconde Guerre mondiale qui, d’une certaine façon, sont un peu en retrait dans Spirit of Dunkerque, quand bien même l’Opération Dynamo conduit-elle jusqu’à eux.

En effet, si le Nord est une région que les Allemands ont isolée du reste de la France, c’est notamment en raison de la proximité de l’Angleterre qu’ils souhaitaient atteindre et dont ils voulaient aussi se défendre. Cette dimension explique qu’on y trouvait un système défensif plus important qu’ailleurs, et construit rapidement après la signature de l’armistice, le 22 juin 1940. Ainsi le slogan Dunkirk Spirit raconte-t-il un pan de l’histoire selon des représentations historiques qui sont en phase avec celles du voisin anglais, plus qu’avec celles des Dunkerquois eux-mêmes.

Les Britanniques dans le miroir de l’expression Dunkirk Spirit

Dans un article paru le 20 juillet 2017 dans le Times et intitulé « Why the British Still Talk About the ‘Dunkirk Spirit’ ? », Rachel Lewis interroge les origines de cette expression. Elle explique qu’elle aurait été formulée un an après Dunkerque et pas par le Premier ministre, Winston Churchill, mais par Sir John Wardlaw-Milne  (1879-1967), un homme politique du parti conservateur écossais :

“It’s not clear exactly when the phrase was first used – historians have spent more time studying the German advance, the process of the rescue and the civilian reaction than the etymology of ‘Dunkirk spirit’. One of the first recorded uses came just one year after Dunkirk, when politician Sir John Wardlaw-Milne uttered the phrase in the British Parliament, in a speech to outline that the seven-day week that British factory employees were forced to work was unproductive. ‘We could not expect the workers to continue indefinitely working in the Dunkirk spirit’, he said, as reportes by Manchester Guardian on July 11 1941.”5

Quand elle rédige son article, le film Dunkerque de Christopher Nolan vient de sortir sur les écrans ; il traite de l’histoire de ces milliers de soldats qui ont embarqué depuis Dunkerque pour rejoindre les côtes anglaises. Rachel Lewis explique :

“Over eight days in May 1940, hundreds of thousands of Allied troops stranded in northern France were rescued by boat and taken back to England. Some were rescued by military boats, other had to wait for hours, stood shoulder to shoulder in the water, to wait for the flotilla of fishing boats, lifeboats and civilian sail boats hastily assembled by people back in Britain. The story of the rescue against the odds and the conditions that the soldiers endured has entered into British lore, to the extent that people in the U.K. today still talk of the ‘Dunkirk Spirit.’ But what exactly does that mean? Dictionaries give slightly different, though complementary meanings: The Macmillan Dictionary defines ‘Dunkirk Spirit’ as ‘an attitude of being very strong in a difficult situation and refusing to accept defeat.’ The Cambridge Dictionary gives the definition as ’willingness by a group of people who are in a bad situation to all help each other’.”6

Effectivement, côté anglais, l’embarquement des soldats, depuis le port de Dunkerque et les plages de la mer du Nord, fut interprété – et il l’est encore – comme un moment de fraternité et de solidarité qui a permis de sauver des milliers d’hommes de la mort. Mais pour Mark Connelly, on doit inscrire ces événements et leur interprétation dans une histoire à plus large portée. Selon lui, ces faits renverraient les Britanniques « à une thématique récurrente de leur culture et de leurs croyances populaires qui fait d’eux de meilleurs combattants lorsqu’ils sont seuls, confrontés à de puissants ennemis »7. De la sorte :

« Le mythe de Dunkerque et “l’esprit de Dunkerque” sont devenus des éléments essentiels de la façon dont les Britanniques se considèrent eux-mêmes, car ils soulignent et renforcent la conscience de leur singularité, de leur différence, de leur indépendance et de leur insularité, ainsi que de leur aptitude à garder leur sang-froid sous la pression et à survivre envers et contre tout. Cette façon de concevoir leur distinction et la singularité de leurs qualités ne date pas de 1940 ; l’événement de Dunkerque ne fut en réalité qu’une expression renouvelée de ces conceptions, trouvant leur place au sein d’une saga nationale ancestrale. Un évènement caractéristique, contemporain, fut alors greffé à ce mythe national déjà bien établi » (op. cit.).

Hormis les éléments de contextualisation rapportés par Rachel Lewis dans le Times ou par Mark Connelly dans sa contribution, des historiens britanniques ont eux aussi étudié l’Opération Dynamo en la replaçant dans sa dimension internationale. Ainsi David Edgerton, cité par Richard Davis, considère-t-il, en 2020, qu’il y a une forme d’amnésie collective des Britanniques qui sous-estiment « l’importance [des] alliances internationales, mais aussi le rôle essentiel de l’empire britannique »8. D’autres historiens constatent également que les Britanniques accordent plus d’intérêt à 1940 qu’à la victoire en 1945, peut-être parce qu’en 1940, « la Grande-Bretagne était au centre des affaires et a joué un rôle clé, et sans doute héroïque, alors qu’en 1945 elle était déjà reléguée derrière les nouvelles superpuissances »9.

Pour autant, l’expression Dunkirk Spirit n’a pas disparu ; elle est « enracinée dans la culture britannique »10 même si elle fait l’objet de débats. Convoquée par exemple en 2016 pendant les débats sur le Brexit, elle permettait à Boris Johnson et à d’autres militants pro-Brexit de suggérer qu’il fallait libérer l’Angleterre de l’Europe comme cette dernière avait su le faire en 1940 par rapport à l’Allemagne.

Hormis les déclarations politiques qui perpétuent le slogan, des actions mémorielles ont été initiées pour rappeler le courage dont le peuple anglais a fait preuve en 1940. Mark Connelly évoque ces nombreux bateaux, de toutes tailles et de tous modèles, qui ont transporté des soldats de Dunkerque, le plus souvent jusqu’à Douvres. Depuis 1950, ils prennent la mer, lors de traversées commémoratives, pour rappeler la mémoire de ces faits héroïques.

« C’est en 1950 qu’eut lieu la première commémoration significative de cet évènement, pour le dixième anniversaire de Dunkerque, lorsqu’un grand nombre des bateaux d’origine traversèrent la Manche jusqu’à Dunkerque. Les anciens combattants se rendirent sur les plages et furent accueillis en ville. Le Roi George VI confirma l’importance de l’évacuation dans son message adressé aux anciens soldats : “Aussi longtemps que l’on parlera anglais, on devra commémorer cet événement avec gratitude et fierté” »11.

Une affiche du Film de Christopher Nolan

En 1966, est créée l’Association des Petits Bateaux de Dunkerque (Dunkirk Little Ships Association). C’est d’ailleurs elle qui, après la commémoration des 60 ans de l’Opération Dynamo, a pris le relais de la Dunkirk Veterans’Association, qui connaissait un déficit de bénévoles et qui avait annoncé arrêter ses activités. 60 Little Ships seront présents du 22 au 26 mai 2025, lors de la commémoration des 85 ans de l’Opération Dynamo.

De tout ceci que retenir ? Mark Connelly explique qu’en dépit des travaux universitaires évoquant le désastre qu’a représenté Dunkerque, la ville reste, pour les Britanniques, « une histoire d’héroïsme et un miracle. Quand bien même certains pourraient présenter toutes sortes de preuves du contraire, cela ne changerait pas ce que les gens “savent” de cet épisode car Dunkerque est considéré comme un résumé à plus petite échelle de l’histoire de la nation toute entière. » (op. cit.)

Dunkerque dans le miroir du mythe britannique

Si les Anglais « savent » ce qu’il en est de l’Opération Dynamo, qu’en est-il de l’autre côté de la Manche ? Côté français, et du fait des circonstances, les idées de miracle et de solidarité ne sont pas celles qui ont prévalu en 1940, ni même en 1945, voire plus tard. Le roman de Robert Merle, Week end à Zuydcoote, paru en 1949 (et honoré par le Prix Goncourt), et le film d’Henry Verneuil (1964) au titre éponyme, montrent plutôt la déception de soldats français – notamment à travers le personnage principal, Julien Maillat, incarné par Paul Belmondo – qui reprochent à l’allié britannique de privilégier ses troupes. Si un roman et le film qui le transpose à l’écran ne peuvent pas à eux seuls être considérés comme étant représentatifs de l’état d’esprit des Français de l’époque, ils livrent néanmoins un récit de l’Opération Dynamo qui est très éloigné de celui proposé par les Britanniques.

Rappelons que 123 000 Français ont pu embarquer, un chiffre non négligeable qui représente 1/3 environ de tous ceux qui ont fui la poche de Dunkerque. Mais rappelons aussi que, sur les 35 000 qui sont restés sur place, la majorité sont français et ont été arrêtés par les Allemands. Un chiffre considérable au regard du sacrifice fourni. Dans leur ouvrage, Mai-Juin 1940. Opération Dynamo. Ghyvelde, Bray-Dunes, Zuydcoote, Stéphane Eloi et David Marquis racontent – notamment – au jour le jour la défense acharnée que le 8e régiment de zouaves a livrée à partir du 30 mai 1940, après leur arrivée à Ghyvelde et Bray-Dunes. Dans un récit fondé sur la collecte de témoignages, d’archives, d’objets en tout genre, c’est de ce sacrifice dont il s’agit. Il est celui de soldats qui, par leur engagement militaire, ont permis à d’autres d’embarquer pour une destination moins chaotique que celle dans laquelle eux-mêmes se débattaient. Il est aussi celui de leurs propres grands-pères qui ont été faits prisonniers à Dunkerque en 1940 et auxquels les auteurs rendent hommage dans une page de remerciements.

Alors que les 900 rescapés de combats pensent que l’évacuation de la poche de Dunkerque est proche, le Lieutenant-colonel Azemberger, le chef de corps, reçoit l’ordre de défendre le périmètre est de la tête de pont, sur le territoire de la ville de Bray-Dunes. Le 31, le régiment prend position. Le Lieutenant-colonel Azemberger installe son PC avenue de la mer, actuelle avenue du général De Gaulle dans la villa “L’Ensoleillée”. […] Les zouaves s’enterrent pour se protéger et occupent certains ouvrages en béton construits avant-guerre. Le bloc “La Rochelle”, au nord, en bord de plage, démarre la ligne de défense. […] Les zouaves récupèrent munitions et armes abandonnées en grand nombre, et découvrent un stock d’obus de mortier de 81 mm. Les canons de 75 sont largement approvisionnés, et les artilleurs trouvent des kilomètres de câbles téléphoniques. Le régiment se trouve presque mieux équipé qu’au début de la guerre. Dans la nuit du 31 mai au 1er juin, les dernières unités britanniques venant de La panne traversent les lignes françaises. Au petit matin, elles sont suivies de peu par des éclaireurs allemands qui tentent de s’infiltrer dans les dunes à partir de La panne. […] Le 3, les assauts des Allemands reprennent de plus belle et les tirs d’artillerie ne baissent pas d’intensité. Depuis le 1er, la DCA anglaise a abandonné ses positions, laissant les mains libres à la Luftwaffe. Les pertes sont sensibles car les abris, construits rapidement, sont mis à mal. Mais toujours aucun soldat en passe. […] A 14h30 arrive enfin l’ordre d’embarquer pour la nuit du 3 au 4. […] Vers 21h30 le gros du régiment quitte ses positions pour se rendre au port de Dunkerque, à la jetée Est. Les compagnies défilent dans la pénombre au passage à niveau de Bray-Dunes. Tous les hommes ont leurs armes. Seuls quelques-uns restent sur la ligne de front pour faire illusion, et décrochent à minuit. Mais au petit matin du 4 juin, il n’y a plus de bateau pour embarquer. L’Opération Dynamo se termine. A 9 heures, les zouaves comprennent qu’il sont prisonniers en voyant le drapeau à croix gammée flotter sur le phare de Dunkerque. La plupart attendront 5 ans avant d’être libérés… “Sans peur et sans reproche”, telle est la devise du 8ème régiment des zouaves, qui s’est battu avec courage sans faille, et dont les hommes se sacrifient à Bray-Dunes en ce début juin 1940.12

Une affiche du film Week-End à Zuydcoote d'Henry Verneuil avec Jean-Paul Belmondo

Cette histoire fait écho à celle racontée dans Week end à Zuydcoote. Dans le film, Julien Maillat perd la vie avant d’avoir pu prendre un bateau pour l’Angleterre où il souhaitait continuer le combat. Et Julien Maillat, c’est un peu Robert Merle, agent de liaison en 1939 avec les forces britanniques, arrêté à Dunkerque en 1940 pour n’être libéré qu’en 1943. Ainsi réel et fiction se rejoignent-ils dans des récits aux accents similaires.

Lors des Journées du Patrimoine à Bray-Dunes en septembre 2024, Stéphane Eloi et David Marquis ont organisé des visites sur les lieux de l’Opération Dynamo. Répondant aux questions qui leur étaient posées sur la justesse historique des films sur le sujet, ces derniers ont déclaré que, contrairement à Week end à Zuydcoote, Dunkerque était éloigné de la vérité bien que sa représentation des combats aériens soit réussie. Effectivement, on peut opposer les deux récits, chacun traitant une même histoire selon un point de vue totalement différent. Le premier filme des Français bloqués sur des plages et qui attendent au risque de leur vie des commandements qui ne viennent pas. À grand renfort d’effets spéciaux, le second raconte le chemin héroïque que des soldats britanniques empruntent pour rejoindre les embarcations qui les sauveront. Chaque film défend donc un point de vue national qui laisse peu de place à cet esprit de Dunkerque pourtant largement mis en avant dans les commémorations.

Côté français, il faut bien comprendre que la situation, après le départ des Anglais, est catastrophique. L’arrivée des Allemands pousse des milliers de personnes à fuir et enferme ceux qui ont choisi de rester dans une zone coupée du reste de la France. De plus, étant rattachée au Haut Commandement militaire de Bruxelles, l’administration allemande exerce une pression très forte sur la population qui se manifeste autant par des contrôles que par des arrestations, dont celles qui touchent très tôt les Juifs. Et pour empêcher les habitants de la zone de pénétrer des espaces interdits, des champs de mines sont installés sur toute l’agglomération : « Les autorités allemandes avertissent […] la population que toute personne trouvée dans un champ de mines sera abattue sans sommation ».

Jusqu’à la Libération qui a lieu le 9 mai 1945, c’est-à-dire le lendemain de la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie, la ville a vécu en autarcie. Quand d’autres villes et régions se réjouissaient en 1944 de leur Libération, Dunkerque et ses environs vivaient toujours sous la férule nazie. D’ailleurs, le général de Gaulle n’a pu se rendre en ces lieux que le 12 août 1945, lui qui avait traversé de nombreuses autres villes au cours des mois précédents.

De Dunkerque à l'esprit de Dunkerque

Il est indéniable que l’attachement des Britanniques à l’Opération Dynamo a stimulé en retour un intérêt des Dunkerquois pour cette histoire et à cet esprit revendiqué outre-Manche. On trouve les références à ce vocable en différentes occasions dans la presse régionale, et ceci avant même que la communauté urbaine ne fasse le choix d’une stratégie touristique donnant une place importante au tourisme mémoriel.

Par exemple, à l’occasion d’une exposition photographique se tenant au LAAC (Lien d’Art et Action Culturelle), entre le 11 juin et le 29 octobre 2006, et intitulée William EgglestonSpirit Of Dunkerque, Aude Cordonnier, conservatrice des musées dunkerquois, regrette : « Dunkerque est une ville qui est paradoxalement peut-être plus connue en Angleterre qu’en France » (La Voix du Nord, 15/10/2005). En résidence, le photographe américain (né à 1939 à Memphis) s’était dit subjugué par le site industrialo-portuaire de la ville qui lui a inspiré des photographies dans lesquelles volumes et couleurs soutenues subliment les sujets. Si le titre de son exposition se réfère à l’Opération Dynamo, les photographies traitent en revanche du présent. Une manière d’inscrire le très contemporain dans l’histoire.

Quelques années plus tard, le 29 juillet 2011, dans un article consacré au Fort des Dunes à Leffrinckoucke (« Le Fort des Dunes, futur bastion du travail de mémoire de l’Opération Dynamo ? »), le journaliste de La Voix du Nord, Olivier Tartart, attend le prochain aménagement de cet édifice construit en 1878 :

Soixante et onze ans après le rembarquement du corps expéditionnaire britannique, les acteurs politiques du Dunkerquois semblent prendre (enfin) conscience de l’intérêt touristique de cette page de l’histoire. Après le Mémorial du souvenir et le monument de l’esplanade Cavrois, le Fort des Dunes compléterait l’offre touristique de mémoire dont les Britanniques, et plus largement le monde anglo-saxon, sont friands. Communauté urbaine, ville de Leffrinckoucke et comité départemental du tourisme y réfléchissent .

Pendant l’opération, des unités françaises ont stationné dans ce fort et c’est là que le 2 juin, le général Janssen et sa compagnie ont péri sous les bombardements. Le lendemain, de nouveaux bombardements causèrent la mort d’une centaine d’autres soldats. L’article d’Olivier Tartart explique l’intérêt que des personnalités politiques portent « enfin » à ce projet qui, au même moment, fait l’objet, dans les tunnels souterrains du château de Douvres, d’une exposition consacrée à l’Opération Dynamo. Et le journaliste de commenter : « Si le “Dunkirk Spirit” reste bien vivace, notamment outre-Manche, à Dunkerque, l’esprit est pourtant à la méconnaissance  ». Le lien entre Dunkerque et l’Angleterre est ici clairement posé. Quelques années plus tard, il est amplifié avec le tournage, à Dunkerque, du film Dunkerque, de Christopher Nolan.

Dès le mois de janvier 2016, La Voix du Nord se fait l’écho de cet événement cinématographique. Quelques craintes de commerçants sont énoncées ; elles seront vite chassées, tant le projet paraît gigantesque et les opportunités commerciales importantes. Le tournage se déroule entre le 23 mai et le 24 juin 2016 ; il mobilise 2000 figurants et 450 techniciens et attire un nombre important de visiteurs. La Voix du Nord publie régulièrement divers articles sur le sujet : témoignages de restaurateurs, de techniciens, de figurants, décors, environnement du film… Et à la fin de l’année 2016, l’heure est au bilan. Celui-ci est extrêmement positif. Même s’il reste prudent, Jean-Yves Frémont, adjoint au Développement touristique, annonce entre 5 et 7 millions d’euros de recettes (Voix du Nord, 03/12/2016). Ces chiffres sont confirmés au fur et à mesure des mois et attestent de l’aubaine que le film a représenté sur le plan économique : la fréquentation de la région a augmenté de plus de 20 % en 2017 par rapport à l’année précédente et « de plus de 36 % rien que sur juillet-août, par rapport aux mêmes mois l’année précédente » (La Voix du Nord, 20/05/2018). Surfant sur cette dynamique, une exposition intitulée « L’Envers du décor » est organisée par la Communauté urbaine. Elle se tient à Malo-les-Bains entre les mois de juillet 2017 et de juillet 2018 et montre les coulisses du tournage. En dépit d’un point de vue centré sur l’héroïsme anglais et éloigné de toute contextualisation13, Dunkerque semble avoir conforté l’idée que l’histoire de l’Opération Dynamo devait être racontée, transmise, valorisée même. C’est notamment ce que l’on entend en filigranes dans le documentaire de Yannick Delva, Lucile Mikaelian et Quentin Boyer-Villet, Dunkerque, Waiting for the next bus (2018), dont le titre reprend l’évocation d’un des témoins du documentaire qui raconte que, lors de l’opération, cette phrase pouvait être adressée à un soldat cherchant à s’embarquer sur un bateau anglais déjà chargé. Au-delà des mémoires multiples – dont certaines poignantes – de cet événement par des personnes de différentes générations, l’envie de parler domine, loin d’un esprit mythique de Dunkerque mais avec l’idée d’une commune identité.

Valoriser l’Opération Dynamo devient donc une évidence, voire une obligation qui se concrétise sous différentes formes et à travers plusieurs projets sur le territoire. En 2017 par exemple, le Musée Dunkerque 1940 double sa superficie. Comme le signale le site du Musée, il 

« est installé dans les courtines du BASTION 32 qui fut le Quartier Général de la défense du secteur fortifié de DUNKERQUE, c’est de là que partaient les ordres pour la défense terrestre, mais aussi la coordination des évacuations par mer. C’est donc un lieu symbolique puisqu’il a joué un rôle important lors des événements de l’Opération Dynamo et de la Bataille de Dunkerque ».

Mais quelles sont les origines de ce Musée ? Dans les années 1970, des passionnés d’histoire ont organisé une exposition portant sur l’Opération Dynamo, en partie reprise quelques années plus tard par une association ayant pour objectif de créer un Musée sur les deux guerres. Initialement installé dans une ancienne conciergerie, ce projet a investi le bastion 32 en 2000, mais en se concentrant sur l’Opération Dynamo. On ne visite pas à ce moment-là un Musée mais un Mémorial du Souvenir qui attire 60 % de visiteurs de langue anglaise comme l’explique, en 2011, son président, Lucien Dayan, à Olivier Tartart de La Voix du Nord (28/05/2011). Dans cet article, le président du Mémorial cite le chiffre de 15 000 visiteurs par an. Ils sont 35 000 en 2017 (dont 90 % d’étrangers) et 105 706 en 2023 à visiter ce lieu devenu le Musée Dunkerque 1940. Et si les visiteurs français le boudaient en 2011, ils sont désormais présents non seulement dans le Musée mais aussi sur la digue où sont présentés des panneaux racontant certains moments de l’Opération Dynamo, ou encore dans les Dynamo Tours, des visites organisées qui se font à pied, en voiture, en bus…

Le Musée Dunkerque 1940

Panneau explicatif sur le nombre de soldats embarqués pendant l'Opération Dynamo. Musée de Dunkerque 1940
Opération Dynamo : des chiffres
Explications sur l'Opération Dynamo et ses retombées
L'Opération Dynamo : un succès
L'une des nombreuses scènes représentées dans le Musée
Dunkerque 1940 : une perspective qui se veut pédagogique
Les photographies au service de l'Histoire
Voir l'Opération Dynamo

En 2024, un autre projet est annoncé. Dans Terres et Territoires (25/07/2024), Florence Vanhille, maire de Zuydcoote depuis 2017, annonce la création d’un troisième Musée sur l’Opération Dynamo. Celui-ci occupera l’un des bâtiments de la Ferme Nord, une ancienne ferme industrielle qui, au début du XXe siècle, approvisionnait l’hôpital maritime de Zuydcoote. L’imposante façade en briques de cet hôpital est présente dans le film de Verneuil, Week end à Zuydcoote. On l’aperçoit dans de nombreux plans et des personnages s’y rendent pour se faire soigner ou bien en parlent. À la fin du film, un aumônier décide d’ailleurs d’y proposer ses services. Et c’est sur cette plage qu’aujourd’hui encore, on peut observer à marée basse des épaves de bateaux qui y ont échoué pendant l’Opération Dynamo. Le projet de Zuydcoote serait donc une porte d’entrée pour présenter l’événement depuis la mer.

Incontestablement, le film de Christopher Nolan a accru l’intérêt des pouvoirs publics, mais aussi d’un large public, pour l’Opération Dynamo. Toutefois, il l’a fait en privilégiant une narration qui met en avant la solidarité entre armées. Onno Ottevanger, responsable du service commercialisation à l’Office du tourisme de Dunkerque, insiste sur cet aspect dans Banque des Territoires : « Aujourd’hui, à l’Office de tourisme et au musée, nous essayons de donner une version plus nuancée des faits. Certes, les Alliés n’ont pas été en mesure d’arrêter les Allemands, mais le succès de l’évacuation a permis au Royaume-Uni de poursuivre la guerre ». Par ces propos, il rejoint les déclarations de Patrice Vergriete le 5 septembre 2019 (voir supra).

Si cette version est plus en phase avec les attentes de visiteurs internationaux, elle peut aussi avoir pour effet de lisser le récit en évitant la complexité historique que le documentaire Dunkerque, Waiting for the next bus a su quant à lui défendre. Finalement, l’Opération Dynamo n’a plus rien d’une défaite ou d’un abandon. Elle anticipe au contraire sur la victoire des Alliés… même si celle-ci a tardé à Dunkerque et qu’elle y a un goût amer.

Et le Mur de l'Atlantique ?

Dans le Guide Mémoire réalisé par l’Office de Tourisme et des Congrès Communautaire avec le soutien de la Communauté Urbaine de Dunkerque (édition 2023), deux frises temporelles – « La Bataille de Dunkerque et l’Opération Dynamo » ; « Les grandes dates de la Seconde Guerre mondiale » – précisent un ensemble de dates à retenir. La première court du 1er septembre 1939 (début de la Seconde Guerre mondiale avec l’invasion de la Pologne) au 4 juin 1940 avec la fin de l’Opération Dynamo. La seconde commence le 22 juin 1940 avec l’Armistice franco-allemand et le début de l’occupation. Elle se termine le 9 mai 1945 avec la Libération de Dunkerque. 5 années sont couvertes par la seconde frise avec un vide entre le 10 juillet 1940, qui correspond au début du régime de Vichy, et le 6 juin 1944 qui correspond au débarquement en Normandie. Quant au sommaire qui retrace les lieux de mémoire du littoral et le nombre de pages afférent, on constate le même contraste. Sur les 38 pages que comporte ce fascicule, 4 seulement concernent l’occupation et la résistance. La bataille et l’évacuation dominent, de même que les victimes des faits relatifs à celles-ci. Peu est dit sur l’occupation et encore moins sur les constructions allemandes qui sont pourtant visibles dans le paysage et très fréquentées pour certaines.

Pour autant, depuis les Journées du Patrimoine de 2020, un petit film de présentation virtuelle d’un blockhaus de la Ville de Dunkerque est diffusé. Son titre : « Ensemble, poussons les portes du patrimoine dunkerquois ». On y visite un blockhaus « caché en basse ville », à la lumière de la lampe torche que projette un guide et un texte invite à se rendre sur le site de la mairie pour en savoir plus.

Le lien mène à un dépliant sur les blockhaus de la ville à travers un parcours clairement identifié mais dont plusieurs bâtiments sont inaccessibles, car localisés dans des espaces privés. Lors d’une visite de ces lieux, et en interrogeant les personnes se déplaçant dans les rues signalées, dont la rue Saint Charles, j’ai constaté l’ignorance des habitants par rapport à ces constructions. Aucune signalisation ni information ne sont apportées. Il en est de même à l’Office de Tourisme de Dunkerque qui, en 2024, ne connaissait pas l’existence du document conçu 4 années plus tôt.

Pourtant, la construction de ces édifices dans l’espace urbain est tout à fait intéressante car elle correspond au masquage par les Allemands de leurs éléments défensifs qui, sur les photographies des Alliés, pouvaient ainsi passer inaperçus. Si beaucoup de ces constructions sont détruites aujourd’hui, celles qui restent témoignent de l’entrelacement des présences françaises et allemandes, civiles et militaires. D’où leur intérêt sur un plan historique. Sur la digue de Malo, par exemple, au numéro 126, le mur d’un blockhaus est toujours visible, mais sans qu’aucune information à son sujet ne figure. Il est enserré entre deux immeubles et passe probablement inaperçu.

Quand on continue sur la digue, en poussant jusqu’à Leffrinckoucke, c’est un spectacle très étrange qui s’offre au visiteur. Des blockhaus – dont l’ancien « Réfléchir » de l’artiste Anonyme qui, entre 2014 et 2021, a été recouvert de miroirs (voir l’article à ce sujet dans ces pages) – s’enfoncent dans le sable et composent un paysage très particulier. Ils sont surmontés d’autres blockhaus qui siègent sur les dunes mais dont on peut imaginer qu’eux aussi finiront sur la plage en contrebas. Dans le Guide Mémoire, un texte de mise en garde figure : « Il est fortement recommandé de ne pas monter sur les blockhaus, mais on peut tout à fait s’en approcher pour prendre des photos ». Dans les faits, cette mise en garde n’est pas entendue14À chaque visite que j’ai pu en faire, des curieux bravaient l’interdiction pour admirer la vue ou pour se faire photographier. En montant sur la dune, une autre surprise attend le visiteur. Il découvre un ensemble de bâtiments qui sont cachés dans les dunes et envahis par la végétation et les graffitis. C’est la batterie militaire de Zuydcoote qui a été édifiée en 1879 dans le cadre de la fortification des alentours de Dunkerque et qui a connu plusieurs aménagements. Modernisée en 1934 par la marine française dans l’esprit de la ligne de Maginot15elle a été complétée par les Allemands dans le cadre du Mur de l’Atlantique. Aujourd’hui, elle témoigne autant des deux conflits que de la période contemporaine. Tandis que je visitais le site en juin 2024, j’ai été surprise de voir des avions qui volaient à basse attitude en faisant plusieurs fois le tour du site. Après information, c’est à une surveillance de la batterie qu’ils s’employaient, ceci afin de vérifier qu’aucun migrant ne s’y était réfugié. Il est arrivé en effet que le lieu serve d’abri à des migrants avant une traversée pour rejoindre les côtes anglaises. D’ailleurs, au cours d’une nuit du mois de mars 2021, alors qu’ils attendaient d’embarquer, 31 migrants dont des enfants et un nourrisson, ont dû être secourus parce qu’ils souffraient d’hypothermie. Ouverts à tous les vents, ne possédant aucune porte ni protection, ces bâtisses sont des refuges inhospitaliers, comme ont pu tristement le vivre ces hommes et ces femmes.

Sur un sujet plus léger, lors d’une promenade dans les dunes en septembre 2024, quelle ne fut pas surprise d’y voir un couple se faire photographier dans ces bâtiments déserts, en vêtements de mariés ! En fait, ce lieu attire des visiteurs qui se retrouvent là pour des raisons très diverses. En journée, certains traversent ce site en randonnant dans les dunes ou sur la plage, tandis que d’autres sont attirés par son aspect insolite et s’y rendent pour y vivre une expérience singulière. Sans surprise, Instagram publie de nombreuses photographies du lieu. La diversité de leurs thématiques – artistique, ludique, architecturale et/ou historique – montre la pluralité des appropriations qu’il inspire.

La Batterie de Zuydcoote

Les graffitis qui recouvrent la Batterie de Zuydcoote
Des couleurs sur les bâtiments de la Batterie de Zuydcoote
Des graffitis sur la batterie de Zuydcoote

Cette hétérogénéité des pratiques de visite dans des lieux historiques, non officiels, suggère trois interrogations. Pourquoi la communauté urbaine de Dunkerque marginalise-t-elle des constructions de la Seconde Guerre mondiale ? Certes, celles-ci n’ont pas totalement disparu des documents touristiques, mais elles ne sont qu’indirectement présentes, la plupart du temps à la faveur de la présentation d’autres sites dans lesquels on trouve encore des blockhaus (le Fort des Dunes, le jardin du LAAC – Lieu d’art et d’action culturelle, l’écluse Tixier). Si l’Opération Dynamo s’est imposée tardivement dans la mémoire dunkerquoise et si la place qu’elle occupe est pleinement légitime, ne risque-t-on pas, en en faisant l’armature principale de celle-ci, de passer à côté d’autres interprétations et regards qui pourraient enrichir l’offre touristique ? In fine, ne prend-on pas le risque de voir disparaître des traces du passé et de rater ce que leur présence peut transmettre d’un passé violent… Redonner de l’épaisseur à l’Opération Dynamo en la replaçant plus encore dans la chronologie de la Seconde Guerre mondiale permettrait de redonner vie à des traces qui, pour des raisons environnementales, disparaissent déjà de l’espace physique.

  1. En mars 2021, cette destination a été distinguée par la marque nationale « Destination pour tous » qui, pour une durée de 5 ans, lui a décerné la mention la plus élevée, précisément celle correspondant à l’Or. Est ainsi salué l’effort entrepris d’accueillir des publics divers en facilitant l’accessibilité pour toutes et tous des sites ouverts à la visite.
  2. Pour consulter les chiffres, voir l’article de ce carnet intitulé « Le Nord-Pas de Calais. De l’histoire à la mémoire ».
  3. « Dunkerque mise sur le tourisme de mémoire » (3 juin 2024). Lien : https://www.radio6.fr/article-45213-spirit-of-dunkerque-la-nouvelle-marque-de-la-cite-jean-bart.html
  4. O. Ottevanger pilote un groupe informel, « Mémoire », qui rassemble des personnes œuvrant à la valorisation des sites de la Seconde Guerre mondiale. Ce groupe a pour ambition d’assurer la cohésion des différentes actions mises en place. Initié par la communauté urbaine de Dunkerque et par l'Office de tourisme et des congrès communautaire de Dunkerque, il a par exemple travaillé, en 2022, à la réalisation d’un Guide Mémoire qui présente 32 sites correspondant à cette thématique.
  5. Traduction par nos soins : « On ne sait pas exactement quand l’expression a été utilisée pour la première fois – les historiens ont passé plus de temps à étudier l’avancée allemande, le processus de sauvetage et la réaction civile que l’étymologie de "l’esprit de Dunkerque". L’une des premières utilisations enregistrées a eu lieu juste un an après Dunkerque, lorsque le politicien Sir John Wardlaw-Milne a prononcé la phrase au Parlement britannique, dans un discours pour souligner que la semaine de sept jours que les employés des usines britanniques étaient forcés de travailler était improductive. "Nous ne pouvions pas nous attendre à ce que les ouvriers continuent à travailler indéfiniment dans l’esprit de Dunkerque", a-t-il déclaré, comme le rapporte le Manchester Guardian le 11 juillet 1941 ».
  6. Traduction par nos soins : « Pendant huit jours en mai 1940, des centaines de milliers de soldats alliés bloqués dans le nord de la France ont été secourus par bateau et ramenés en Angleterre. Certains ont été secourus par des bateaux militaires, d’autres ont dû attendre des heures, côte à côte dans l’eau, pour attendre la flottille de bateaux de pêche, de canots de sauvetage et de voiliers civils rassemblés à la hâte par la Grande-Bretagne. L’histoire de ce sauvetage hors-normes et les conditions que les soldats ont endurées est entrée dans la tradition britannique, à tel point qu’au Royaume-Uni, on parle encore aujourd’hui de "l’esprit de Dunkerque". Mais qu’est-ce que cela signifie exactement ? Les dictionnaires donnent des significations légèrement différentes, bien que complémentaires : Le dictionnaire Macmillan définit "l’esprit de Dunkerque" comme "une attitude consistant à être très fort dans une situation difficile et à refuser d’accepter la défaite". Le Cambridge Dictionary donne cette définition : "la volonté pour un groupe de personnes étant en mauvaise posture de s’entraider" ».
  7. Connelly, Mark. « La Signification de Dunkerque pour les Britanniques ». In Martens, Stefan et Prauser, Steffen, eds, La guerre de 1940, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion. Lien : https://doi.org/10.4000/books.septentrion.7367.
  8. Davis, Richard, 2023. « Le mythe de Dunkerque dans l’imaginaire britannique, de 1940 au Brexit ». Guerres mondiales et conflits contemporains, 290, p. 71-80. Lien : https://shs-cairn-info.bases-doc.univ-lorraine.fr/revue-guerres-mondiales-et-conflits-contemporains-2023-2-page-71?lang=fr#re16no16
  9. Davis, Richard, 2023. Op.cit.
  10. Davis, Richard, 2023. Op.cit.
  11. Connelly, Mark, 2014, « La Signification de Dunkerque pour les Britanniques ». In : Martens, Stefan et Prauser, Steffen, éds, La guerre de 1940, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion. Lien : https://doi.org/10.4000/books.septentrion.7367.
  12. Eloi, Stéphane et Marquis, David, 2023. Mai-Juin 1940. Opération Dynamo. Ghyvelde, Bray-Dunes, Zuydcoote. Bray-Dunes, Éd. À l’assaut des mémoires, p. 106-123.
  13. Dans Le Monde (« Dunkerque, un déluge de bombes hors sol »,19/07/2017), on peut lire cette analyse de Jacques Mandelbaum qui regrette l’absence de complexité historique dans le film de C. Nolan. « Où sont, dans ce film, les 120 000 soldats français également évacués de Dunkerque ? Où sont les 40 000 autres qui se sont sacrifiés pour défendre la ville face à un ennemi supérieur en ­armes et en nombre ? Où sont les membres de la première armée qui, abandonnés par leurs alliés estimant la partie perdue, ­empêchent néanmoins, à Lille, plusieurs divisions de la Wehrmacht de déferler sur Dunkerque ? Où est même Dunkerque, à moitié détruite par les bombardements, mais rendue ici invisible ? ».
  14. En avril 2015, un enfant de 10 ans qui avait escaladé un blockhaus était tombé et avait dû être secouru.
  15. Voir les quelques lignes à ce sujet dans le Guide Mémoire (p. 34), édité par l’Office de Tourisme et des Congrès Communautaire, avec le soutien de la communauté Urbaine de Dunkerque.

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